<282>Live celui d'écrire l'histoire de sa patrie? II faisait celle de ses campagnes, il haranguait par politique. Tout cela ne sortait pas bien loin de sa sphère de guerrier et d'intrigant; c'était l'esprit de son siècle. Un génie actif et courageux voyait une voie ouverte pour s'illustrer; d'autres avaient tenu la même route avec succès; il la suivit. Mais a-t-il tout, Sire, de son propre fonds? Aidé de son génie seul, s'est-il frayé un chemin au travers des ténèbres de l'éducation, pour parvenir à cette justesse sublime de l'esprit et du goût qui conduit avec une tranquillité et une assurance égale un combat et un royaume, un concert et une assemblée de philosophes?a Il dictait, dit-on, quatre lettres à la fois; on a dit que c'était le vrai moyen d'en faire quatre mauvaises. Que n'en écrivait-il une seule comme celles de V. M.?

Je suis très-curieuse de voir ce que le saint-père fera des jésuites. Peut-être ne le sait-il pas encore. Il a aujourd'hui des enfants si mutins et en même temps si puissants, que la plus grande habileté peut échouer avec eux. Mais, quoi qu'il arrive, mon confesseur n'aura pas eu la consolation de le voir; il vient de mourir, et je le regrette sincèrement. Son plus grand mérite, sans contredit, c'est d'avoir su apprécier la protection dont V. M. daigne honorer son ordre, et les bontés que vous avez eues pour lui, Sire; il était un de vos plus zélés admirateurs, et votre souvenir, que je lui ai annoncé au lit de la mort, a paru lui rendre une nouvelle vie. Mais qui peut vous connaître, Sire, sans être enthousiasmé de vos sublimes qualités? Les esprits les plus bornés semblent prendre un nouvel être en vous admirant; et qui le sait mieux que moi, qui ne crois être quelque chose que depuis que vos bontés et votre approbation m'ont fait valoir? Je vous la demande de nouveau, cette protection, Sire; je n'ai aucun mérite que l'admiration, la haute estime et l'attachement inviolable avec lequel je suis, etc.


a Voyez t. XXIII, p. 385.