<28>phéties : en cas que l'une ne réussisse pas, on met l'autre en avant. Deux ans de guerre, une année de guerre, après tout il faut bien que quelque chose de tout cela s'accomplisse. Mais pour la comédie,a il ne sera temps d'y penser que lorsque tous les troubles seront réellement apaisés. Que de papier il faudra barbouiller encore avant d'en venir là! Je crois bien que la paix fait plaisir à tout le monde, car le paysan, le gentilhomme, et le bourgeois, ne font que perdre quand la guerre dure. Mais cette guerre et cette paix n'ont été que des misères, l'ouvrage d'un vieillard épuisé, sans force et sans vigueur. Je me suis dit souvent ces vers de Boileau :b

Malheureux, laisse en paix ton cheval vieillissant,
De peur que tout à coup, essoufflé, sans haleine,
Il ne laisse, en tombant, son maître sur l'arène.

Adieu, mon cher; guérissez-vous de la fièvre.

Il me faut encore De natura deorum.

29. AU MÊME.

(Silberberg) 27 février (1779).

Demain je vous renverrai les Oraisons de Cicéron, en vous demandant le troisième, quatrième et cinquième volume. Je m'accommode toujours bien de cet homme; nous sommes d'anciens amis, et, en quelque occurrence que ce soit, sa compagnie est préférable à presque tous les autres auteurs anciens. J'en viens aux


a Le prince Repnin proposait une actrice. Il m'avait prié à Breslau d'en écrire au Roi, ce que je fis. C'est une réponse à cette partie de ma lettre. (Note de la main de M. de Catt.)

b Épître X, vers 44-46, traduction d'Horace, Épîtres, liv. I, ép. 1, v. 8 et 9. Au lieu d'essoufflé, Boileau a mis efflanqué.