<204>qu'en soit ma juste reconnaissance, je laisse les prémices du rare fruit dont vous me régalez, Sire, pour me livrer entièrement à la joie que m'a causée l'heureux accouchement de madame la Princesse de Prusse,a et pour en offrir des holocaustes au ciel, d'accord avec mes vœux. Je savais bien que mon aimable cousine nous dédommagerait de l'attente où elle nous a fait languir. Qu'elle sera chère à son auguste oncle! Qu'elle sera adorée de son époux et aimée de sa respectable mère! Je partage bien sincèrement leur joie, et je ne souhaite que de la santé et des années au tendre rejeton du sang des héros. Élevé sous les yeux du philosophe par excellence, et formé par l'exemple et les instructions du premier héros du siècle, il ne peut manquer d'approcher de près les sublimes vertus de V. M. Je dis approcher, car il sera difficile à tout mortel, tel qu'il soit, d'atteindre à la perfection de Frédéric. Puissiez-vous, Sire, vivre encore assez longtemps pour voir l'accomplissement de mes vœux! Je brûle d'impatience de vous les exprimer de vive voix, ainsi que les sentiments de la haute considération et d'admiration avec lesquels je ne cesserai d'être, etc.

Mon hôtesse, qui est la plus respectueuse admiratrice de vos éminentes qualités, Sire, m'a priée de la mettre à vos pieds.

135. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Breslau, 9 septembre 1770.



Madame ma sœur,

Si je n'avais pas reçu la lettre de Votre Altesse Royale dans le tumulte des camps et durant la rapidité d'une course non interrompue, j'aurais sans doute répondu plus tôt; et, quoique j'aie encore la tête embrouillée de tant d'événements intéressants et


a Voyez t. VI, p. 25, et t. XX, p. 197.