<198>que personne, ni ici, ni ailleurs, n'est, ni ne peut être plus pénétré de ces sentiments que moi, qui ai vu Frédéric, et qui me flatte de le revoir encore.

Recevez, Sire, avec votre bonté naturelle les protestations du parfait et inviolable attachement avec lequel je serai jusqu'au tombeau, etc.

129. DE LA MÊME.

Pillnitz, 25 mai 1770.



Sire,

Je ne sais par où je dois commencer pour remercier Votre Majesté. Est-ce de votre aimable lettre, Sire, de tout ce que vous me dites d'obligeant, de l'excellent ouvrage, ou plutôt n'est-ce pas du bien suprême dont vous me flattez, en me laissant entrevoir qu'il me sera permis encore de voir Frédéric dans cette année? Il ne serait pas étonnant que cette attente délicieuse absorbât tout le reste, et assurément on ne se souvient ni de goutte, ni de rhumatisme, ni d'aucun autre mal, lorsqu'on peut être avec V. M.

Par le traité que vous avez bien voulu m'envoyer successivement, Sire, vous devenez le législateur de vos États dans la partie où il est le plus difficile de l'être, et où on ne l'est guère par voie de commandement. Ne croyez cependant pas que le fruit en soit borné à vos sujets. Quel père ou quelle mère pourront fermer les yeux au jour que vous faites luire? Ce que V. M. a à appréhender, c'est de me rendre si vaine, si glorieuse par les marques d'approbation qu'elle me donne, qu'à la fin elle se repentira de son ouvrage. Il n'y a modestie qui tienne contre les éloges placés dans la bouche de Frédéric; des têtes plus fortes y échoueraient.

Rien de plus heureux que le changement de taille de vos charmantes princesses. Que vous devez avoir de plaisir, Sire, à les voir ainsi défigurées, si elles pouvaient l'être! Et puisqu'enfin