<134>vous verrez des mariages, des naissances, une génération nouvelle se former pour vous admirer et vous bénir. Ce spectacle vous offrira plus de charmes qu'un champ de bataille. Vous voyez, Sire, que je vous rends justice, et que je vous crois philosophe. Je suis charmée d'apprendre que la Princesse de Prusse s'acquitte si bien de son devoir, et je lui souhaite les plus heureuses couches.a Jouissez longtemps, Sire, du plaisir de voir multiplier votre auguste maison, et faites que ses princes soient amis de mes enfants, comme je suis, etc.

Je demande mille pardons pour le trou qui se trouve dans le papier; je ne m'en suis aperçue que vers la fin de ma lettre.

82. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

24 mai 1767.



Madame ma sœur,

Si j'avais le beau don de persuader, le premier usage que j'en ferais serait, madame, de vous convaincre de tous les sentiments d'admiration dont vous me pénétrez; le second serait d'insinuer dans toutes ces têtes qui portent des couronnes des sentiments de modération, d'équité et de concorde. Mais savez-vous, madame, ce qui m'arriverait? Ces sacrées Majestés, qui n'aiment pas les contradictions, diraient : Voilà vraiment un plaisant fou, qui prêche la paix sans mission; qu'il reste dans ce cul-de-sac de l'Allemagne où son destin l'a confiné, sans nous crier, comme Diogène de son tonneau, que nous devons être plus pacifiques qu'il nous le plaît. Vous savez, madame, ce que c'est que les grandes puissances; vous vous souvenez sans doute avec quelle modestie elles ont étalé leurs prérogatives dans le temps que toute l'Europe conspirait ma perte. L'Impératrice-Reine dirait qu'elle n'a pas besoin


a Voyez t. VII, p. 50.