<55>vous envoie, en attendant, un Akakia contre Sa Sainteté,a qui, je m'en flatte, édifiera Votre Béatitude.

Je me recommande à la muse du général des capucins, de l'architecte de l'église de Ferney, du prieur des filles du Saint-Sacrement, et de la gloire mondaine du pape Rezzonico, de la pucelle Jeanne, etc.

En vérité, je n'y tiens plus. J'aimerais autant parler du comte de Sabine, du chevalier de Tusculum, et du marquis d'Andes. Les titres ne sont que la décoration des sots; les grands hommes n'ont besoin que de leur nom.

Adieu; santé et prospérité à l'auteur de la Henriade, au plus malin et au plus séduisant des beaux esprits qui ont été et qui seront dans le monde. Vale.

365. AU MÊME.

Döringsvorwerk,a 18 juillet 1759.

Vous êtes, en vérité, une singulière créature; quand il me prend envie de vous gronder, vous me dites deux mots, et le reproche expire au bout de ma plume.

Avec l'heureux talent de plaire,
Tant d'art, de grâces et d'esprit,
Lorsque sa malice m'aigrit,
Je pardonne tout à Voltaire,
Et sens que de mon cœur contrit
Il a désarmé la colère.

Voilà comme vous me traitez. Pour votre nièce, qu'elle me brûle ou me rôtisse, cela m'est assez indifférent.b Ne pensez pas


a Bref de S. S. le pape à M. le maréchal Daun. Voyez t. XV, p. X et XI, et p. 132 et 133.

a Près de Schmuckseiffen, où l'armée du Roi campait depuis le 10 juillet. Voyez t. V, p. 16 et 17.

b Voyez ci-dessus, p. 53 et 56. Madame Denis avait brûlé l'ode de Frédéric contre la France et contre le roi Louis XV, qui se trouve t. XII, p. 9-16 de notre édition, sous le titre d'Ode au prince Ferdinand de Brunswic sur la retraite des Français en 1758. Voyez La vie privée du roi de Prusse (par Voltaire), Amsterdam, 1784, p. 127-131.