<379>lois; il soupçonne d'où ce présent peut lui venir. Ce ne sera qu'après la lecture de ces livres qu'il pourra juger s'il a bien rencontré, ou s'il a mal deviné; et les remercîments s'ensuivront comme de raison.

J'implore tous mes saints, Ignace, Xavier, Lainez, etc., etc., pour qu'ils protégent le protecteur des capucins à Ferney, que leurs saintes prières prolongent ses jours, afin qu'il consomme le bel ouvrage qu'il a entrepris dans le pays de Gex, qu'il éclaire longtemps encore la France et l'univers, et qu'il n'oublie point l'ex-jésuite de Sans-Souci. Vale.

546. DE VOLTAIRE.

Ferney, 21 mai 1776.

Sire, vous allez être étonné en jetant les yeux sur la petite brochure que j'envoie à V. M.;a devineriez-vous qu'elle est de monsieur le landgrave de Hesse? Son génie s'est déployé depuis qu'il est devenu votre neveu,b et qu'il a lu vos ouvrages. Je ne sais pas positivement s'il avoue ce petit livre; mais je sais certainement qu'il est de lui; c'est un tableau qu'on reconnaîtra aisément pour être d'un peintre de votre école. Vous avez fait naître un nouveau siècle, vous avez formé des hommes et des princes. Dans combien de genres votre nom n'étonnera-t-il pas la postérité!

Nous avons grand besoin que Votre Majesté philosophique règne longtemps; nous avions chez les Velches deux ministres philosophes; les voilà tous deux à la fois exclus du ministère; et qui sait si les scènes des La Barre et des d'Étallonde ne se renouvelleront pas dans notre malheureux pays? La Raison commence à se faire un parti si nombreux, que ses ennemis se mettent sous


a Pensées diverses sur les princes (par le landgrave Frédéric). Lausanne, 1776, in-8 de dix-neuf pages.

b Voyez ci-dessus, p. 269.