<281>brodé ce conte à plaisir. Il a l'imagination poétique; il ne tiendrait qu'à lui de faire un poëme épique.

Pour le bon Louis XV,d il est allé en poste chez le Père éternel. J'en ai été fâché; c'était un honnête homme, qui n'avait d'autre défaut que celui d'être roi. Son successeur débute avec beaucoup de sagesse, et fait espérer aux Velches un gouvernement heureux. Je voudrais qu'il eût traité la Du Barri plus doucement, par respect pour son bisaïeul.

Si la monacaille influe sur ce jeune homme, les petits-maîtres seront en rosaire, et les initiées de Vénus couvertes d'agnus Dei. Il faudra que quelque évêque s'intéresse pour Morival, et qu'un picpus plaide sa cause. On prétend qu'un orage se forme, et menace les philosophes. J'attends tranquillement dans mon petit coin les nouveautés et les événements que ce nouveau règne va produire, disposé à admirer tout ce qui sera admirable, et à faire mes réflexions sur ce qui ne le sera pas, ne inintéressant qu'au sort des philosophes, et principalement à celui du Patriarche de Ferney, dont le Philosophe de Sans-Souci a été, est, et sera le sincère admirateur. Vale.

490. DE VOLTAIRE.

(Ferney) juillet 1774.

Sire, il est vrai que les gobe-Dieu pourront bien avoir du crédit en France; peut-être même l'aimable fillea de celle que vous appelez la dévoteb pourra contribuer plus que personne à affermir ce crédit si dangereux. Je n'ai pas assez exalté ce qui me reste d'âme pour lire couramment dans l'avenir; mais je crains tout. Les vieillards sont timides; il n'y aura que vous qui augmenterez


d Mort le 10 mai.

a Marie-Antoinette.

b De celle qu'on prétend que vous appelez la dévote. (Variante de l'édition de Kehl, t. LXYI, p. 134.)