<226>dans les regrets; consolez par vos bontés un cœur qui vous entend de loin, et qui assurément vous est fidèle.

Le vieux malade.

458. A VOLTAIRE.

Potsdam, 4 décembre 1772.b

Ayant reçu votre lettre, j'ai fait venir incessamment le directeur de la fabrique de porcelaine, et lui ai demandé ce que signifiait cet Amphion, cette lyre et ce laurier dont il avait orné une certaine jatte envoyée à Ferney. Il m'a répondu que ses artistes n'en avaient pu faire moins pour rendre cette jatte digne de celui pour lequel elle était destinée; qu'il n'était pas assez ignorant pour ne pas être instruit de la couronne de laurier destinée au Tasse, pour le couronner au Capitole; que la lyre était faite à l'imitation de celle sur laquelle la Henriade avait été chantée; que si Amphion avait par ses sons harmonieux élevé les murs de Thèbes, il connaissait quelqu'un vivant qui en avait fait davantage, en opérant en Europe une révolution subite dans la façon de penser; que la mer sur laquelle nageait Amphion était allégorique, et signifiait le temps, duquel Amphion triomphe; que le dauphin était l'emblème des amateurs des lettres, qui soutiennent les grands hommes durant les tempêtes, et que c'était tant pis pour les dauphins s'ils n'aimaient pas les grands hommes.a

Je vous rends compte de ce procès-verbal, tel qu'il a été dressé en présence de deux témoins, gens graves, et qui l'attesteront par serment, si cela est nécessaire. Ces gens ont travaillé au grand dessert avec figures que j'ai envoyé à l'impératrice de Rus-


b Le 1er décembre 1772. (Variante des Œuvres posthumes, t. IX, p. 174.)

a Les éditeurs de Kehl terminent cet alinéa par les mots « durant la tempête; » ils ont omis tout le reste. Nous avons rétabli ce passage d'après les Œuvres posthumes, t. IX, p. 173. Voyez la lettre de d'Alembert à Frédéric, du 1er janvier 1773.