<217>point. Il s'appelle le marquis de Saint-Aulaire, neveu d'un lieutenant-général, l'un de nos plus aimables académiciens, lequel faisait de très-jolis vers à près de cent ans, comme vous en ferez, à ce que je crois et à ce que j'espère. Je pense que mon jeune marquis est actuellement à Berlin, cherchant peut-être inutilement à se présenter à V. M.; mais on dit qu'il en est digne, et que c'est un fort bon sujet.

Le vieux malade se met à vos pieds avec attachement, admiration, respect et syndérèse.

452. A VOLTAIRE.

Sans-Souci, 14 août 1772.

Je vous remercie des félicitations que vous me faites sur des bruits qui se sont répandus dans le public. Il faudra voir si les événements les confirment, et quel destina auront les affaires de la Pologne.

J'ai vu des vers bien supérieurs à ceux qui m'ont amusé lorsque j'avais la goutte; ce sont les Systèmes et les Cabales.b Ces morceaux sont aussi frais et d'un coloris aussi chaud que si vous les aviez faits à vingt ans. On les a imprimés à Berlin, et ils vont se répandre dans tout le Nord.

Nous avons eu, cette année, beaucoup d'étrangers, tant Anglais que Hollandais, Espagnols et Italiens; mais aucun Français n'a mis le pied chez nous, et je sais positivement que le marquis de Saint-Aulaire n'est point ici. S'il vient, il sera bien reçu, surtout s'il n'est point expatrié pour quelque mauvaise affaire, ce qui arrive quelquefois aux jeunes gens de sa nation.

Je pars cette nuit pour la Silésie; à mon retour, vous aurez


a Et quelle issue. (Variante des Œuvres posthumes, t. IX, p. 165.)

b Ces deux pièces satiriques se trouvent dans les Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XIV. p. 242 et 255.