<207>de bien. Il est impossible que les confédérés, devenus en horreur au genre humain, persistent dans une faction si criminelle. Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que la paix de la Pologne peut naître de cette exécrable aventure.

Je suis fâché de vous dire que voilà cinq têtes couronnées assassinées en peu de tempsa dans notre siècle philosophique. Heureusement, parmi tous ces assassins, il se trouve des Malagrida, et pas un philosophe. On dit que nous sommes des séditieux; que sera donc l'évêque de Kiovie? On dit que les conjurés avaient fait serment sur une image de la sainte Vierge, après avoir communié. J'ose supplier instamment V. M., si ingénieuse et si diabolique, de daigner m'envoyer quelques détails bien vrais de cet étrange événement, qui devrait bien ouvrir les yeux à une partie de l'Europe. Je prends la liberté de recommander à vos bontés l'abbaye d'Oliva. Je me mets à vos pieds (pourvu qu'ils n'aient plus la goutte) avec le plus profond respect, et le plus grand ébahissement de tout ce que je viens de lire.

446. A VOLTAIRE.

Berlin, 12 janvier 1772.b

Je conviens que je me suis imposé l'obligation de vous instruire sur le sujet des confédérés que j'ai chantés, comme vous avez été obligé d'exposer les anecdotes de la Ligue, afin de répandre tous les éclaircissements nécessaires sur la Henriade. Vous saurez donc que mes confédérés, moins braves que vos ligueurs, mais aussi fanatiques, n'ont pas voulu leur céder en forfaits. L'horrible attentat entrepris et manqué contre le roi de Pologne s'est passé (à la communion près) de la manière qu'il est détaillé dans les gazettes. Il est vrai que le misérable qui a voulu assassiner le roi


a Louis XV, en 1757; Joseph, roi de Portugal, en 1758; Pierre III, en 1762 : Iwan, en 1764; le roi de Pologne, en 1771.

b Le 2 janvier 1772. (Variante des Œuvres posthumes, t. IX, p. 159.)