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139. A VOLTAIRE.

Wésel, 2 septembre 1740.

Mon cher Voltaire, j'ai reçu à mon arrivée trois lettres de votre part, des vers divins, et de la prose charmante. J'y aurais répondu d'abord, si la fièvre ne m'en eût empêché; je l'ai prise ici fort mal à propos, d'autant plus qu'elle dérange tout le plan que j'avais formé dans ma tête.

Vous voulez savoir ce que je suis devenu depuis mon départ de Berlin; vous en trouverez la description ci-jointe.28-a Je ne vais point à Paris, comme on l'a débité; ce n'a point été mon dessein d'y aller cette année, mais je pourrais peut-être faire un voyage aux Pays-Bas. Enfin la fièvre et l'impatience de ne vous avoir pas vu encore sont à présent les deux objets qui m'occupent le plus. Je vous écrirai, dès que ma santé me le permettra, où et comment je pourrai avoir le plaisir de vous embrasser. Adieu.

J'ai vu une lettre que vous avez écrite à Maupertuis; il ne se peut rien de plus charmant. Je vous réitère encore mille remercîments de la peine que vous avez prise à la Haye touchant ce que vous savez. Conservez toujours l'amitié que vous avez pour moi; je sais trop le cas qu'il faut faire d'amis de votre trempe.


28-a Voyez t. XIV, p. XIII, no XXXV, et p. 181-187.