<303>J'exécuterai, Sire, tous les ordres de Votre Majesté, et mon cœur n'aura pas de peine à lui obéir. Je la supplie encore une fois de considérer que jamais je n'ai écrit contre aucun gouvernement, encore moins contre celui sous lequel je suis né, et que je n'ai quitté que pour venir achever ma vie à vos pieds. J'ai été historiographe de France, et, en cette qualité, j'ai écrit l'histoire de Louis XIV et celle des campagnes de Louis XV, que j'ai envoyées à M. d'Argenson. Ma voix et ma plume ont été consacrées à ma patrie, comme elles le sont à vos ordres. Je vous conjure d'avoir la bonté d'examiner quel est le fond de la querelle de Maupertuis. Je vous conjure de croire que j'oublie cette querelle, puisque vous me l'ordonnez. Je me soumets sans doute à toutes vos volontés. Si V. M. m'avait ordonné de ne me point défendre et de ne point entrer dans cette dispute littéraire, je lui aurais obéi avec la même soumission. Je la supplie d'épargner un vieillard accablé de maladies et de douleur, et de croire que je mourrai aussi attaché à elle que le jour que je suis arrivé à sa cour.

322. DU MÊME.

(1752.)

Sire, ce que j'ai vu dans les gazettes est-il croyable? On abuse du nom de V. M. pour empoisonner les derniers jours d'une vie que je vous ai consacrée. Quoi! on m'accuse d'avoir avancé que König écrivait contre vos ouvrages! Ah! Sire, il en est aussi incapable que moi. V. M. sait ce que je lui en ai écrit. Je vous ai toujours dit la vérité, et je vous la dirai jusqu'au dernier moment de ma vie. Je suis au désespoir de n'être point allé à Baireuth; une partie de ma famille, qui va m'attendre aux eaux, me force d'aller chercher une guérison que vos bontés seules pourraient me donner. Je vous serai toujours tendrement dévoué, quelque chose que vous fassiez. Je ne vous ai jamais man-