<288>ai déplu en quelque chose. Je peux faire des fautes ou par ignorance, ou par trop d'empressement; mais mon cœur n'en fera jamais. Je vis dans la plus profonde retraite, dominant à l'étude le temps que des maladies cruelles peuvent me laisser. Ma famille et mes amis ne se rassurent contre les prédictions qu'ils m'ont faites que par les assurances respectables que vous leur avez données.a Je n'écris qu'à ma nièce. Je ne lui parle que de vos bontés, de mon admiration pour votre génie, du bonheur de vivre auprès de vous. Si je lui envoie quelques vers où mes sentiments pour vous sont exprimés, je lui recommande même de n'en jamais tirer de copie, et elle est d'une fidélité exacte.

Il est bien cruel que tout ce qu'on a mandé à Paris la détourne de venir s'établir ici avec moi, et d'y recueillir mes derniers soupirs. Encore une fois, Sire, daignez m'avertir s'il y a quelque chose à reprendre dans ma conduite. Je mettrai cette bonté au rang de vos plus grandes faveurs. Je la mérite, m'étant donné à vous sans réserve. Le bonheur de me sentir moins indigne de vous me fera soutenir patiemment les maux dont je suis accablé.

304. DU MÊME.

Dimanche, 20 février (1752).

Sire, j'espérais venir mettre hier à vos pieds ce petit tribut, heureux s'il pouvait être dans la bibliothèque de V. M., au-dessous de l'Histoire de Brandebourg, comme le serviteur au-dessous du maître. Mon triste état ne m'a pas permis de remplir mes désirs. Je me flatte encore que, mercredi ou jeudi, je pourrai jouir de ce bonheur, et reprendre un reste de vie par vos bontés. Celui qui a dit si heureusement et d'une manière si touchante qu'il était

.... roi sévère et citoyen humain,a


a Voyez, ci-dessus, p. 290 et 291, la lettre de Frédéric, du 23 août 1750.

a Voyez t. X, p. 258, et ci-dessus, p. 291.