<278>N'amène plus que des nuages.
Il faut que chaque nation
Tour à tour ait ses avantages.
Minerve, Thémis, Apollon,
Sont allés sur d'autres rivages,
Assez loin de George second;
Et c'est à Sans-Souci, dit-on,
Qu'il faut chercher, dans ses voyages,
Ce qu'on perdit dans Albion.

Sire, le fait est qu'un Anglais atrabilaire vient d'émouvoir ma bile. Cet homme, dans un écrit pédantesque, reproche à l'auteur des Mémoires de Brandebourg de se contredire, et sa preuve est que l'illustre auteur loue et blâme les mêmes personnes, croit que la réforme était nécessaire dans l'Église, et ensuite avoue les fautes des réformés, etc. Si je voulais, moi, louer l'auteur de ces Mémoires, je me servirais des mêmes raisons que cet Anglais apporte contre lui. Il faut avoir une tête bien enivrée de l'esprit de parti et de l'esprit de système, pour exiger qu'un historien approuve ou condamne sans restriction. Est-il possible que ce critique n'ait pas senti combien il est digne d'un philosophe, et d'un homme qui est à la tête des autres, de peser le bien et le mal; d'estimer dans Louis XIV ce qu'il avait de grand, et de montrer ce qu'il avait de faible; d'approuver la réforme, et de faire voir les défauts des réformateurs? Mais un Anglais veut qu'on soit toujours partial, ou tout whig ou tout tory, et la raison, qui est impartiale, ne l'accommode pas. J'ai bien envie de m'escrimer contre cet impertinent, et de me moquer de lui; il le mérite, mais il n'en vaut pas la peine.

V. M. arrange à présent des bataillons, en attendant qu'elle arrange des strophes et des épisodes. Ses odes l'attendent à Potsdam, à moins qu'elle ne veuille m'en envoyer quelqu'une de Silésie.a

Chaque chose, à la fin, dans sa place est remise.
Isaac,b après mille détours,
Vient de fixer ses pas, son caprice et ses jours


a Le Roi partit de Berlin pour la Silésie le 25 août, et revint le 15 septembre.

b Le marquis d'Argens, qui arriva de son pays à Potsdam le 26 août. Voyez ci-dessus, p. 296.