<256>que je n'entends pas cette logique-là; que je suis fermement persuadé que vous serez fort heureux ici tant que je vivrai, que vous serez regardé comme le père des lettres et des gens de goût, et que vous trouverez en moi toutes les consolations qu'un homme de votre mérite peut attendre de quelqu'un qui l'estime. Bonsoir.a

268. DE VOLTAIRE.

Dans votre Parnasse de Pharasmane,b 8 octobre 1750.

Vous êtes roi sévère et citoyen humain;
Vous l'avez dit,c la chose est véritable.
Comme roi, je vous sers; vous m'admettez à table

En qualité de citoyen;
Et comme un être fort humain,
Vous excusez un misérable
Qui ne put assister à ce souper divin,
Par la raison qu'il souffrait comme un diable.

Daignez, grand homme, daignez, Sire, me pardonner. Je ne vous dirai pas, Plaignez-moi, car je ne souffre pas plus ici qu'ailleurs, et j'y suis beaucoup plus heureux. On est heureux par l'enthousiasme, et vous savez si vous m'en inspirez. Vous, Sire, et le travail, voilà tout ce qu'il faut à un être pensant. Continuez à faire de beaux vers, mais ne mettez jamais la tragédie de Sémiramis en opéra italien, quand même madame la margrave vous en prierait; c'est un ouvrage diabolique.

Quelque jour vous ferez Conradin en trois actes, et nous la jouerons.


a La quintessence de cette lettre a été publiée dans La vie privée du roi de Prusse, ou Mémoires pour servir à la vie de M. de Voltaire, écrits par lui-même. A Amsterdam, 1784, in-12, p. 75.

b Voyez t II, p. 22, et t. XIX, p. 176.

c Épître à mon Esprit. Voyez t. X, p. 258.