<241>liberté de lui écrire par la voie de cet heureux d'Arnaud, qui verra mon Jéhovah prussien face à face, et à qui je porte la plus grande envie.

V. M. aura incessamment d'autres petites offrandes, malgré ma misère. Car, tout malingre que je suis, je sens que vous donnez de la santé à mon âme; vos rayons pénètrent jusqu'à moi, et me vivifient.

Voilà d'Arnaud à vos pieds! Qui sera à présent assez heureux pour envover à V. M. les livres nouveaux et les nouvelles sottises de notre pays? On m'a dit qu'on avait proposé un nommé Fréron. Permettez-moi, je vous en conjure, de représenter à V. M. qu'il faut, pour une telle correspondance, des hommes qui aient l'approbation du public. Il s'en faut beaucoup qu'on regarde Fréron comme digne d'un tel honneur. C'est un homme qui est dans un décri et dans un mépris général, tout sortant de la prison où il a été mis pour des choses assez vilaines. Je vous avouerai encore, Sire, qu'il est mon ennemi déclaré, et qu'il se déchaîne contre moi dans de mauvaises feuilles périodiques, uniquement parce que je n'ai pas voulu avoir la bassesse de lui faire donner deux louis d'or, qu'il a eu la bassesse de demander à mes gens, pour dire du bien de mes ouvrages. Je ne crois pas assurément que V. M. puisse choisir un tel homme. Si elle daigne s'en rapporter à moi, je lui en fournirai un dont elle ne sera pas mécontente; si elle veut même, je me chargerai de lui envoyer tout ce qu'elle me commandera. Ma mauvaise santé, qui m'empêche très-souvent d'écrire de ma main, ne m'empêchera pas de dicter les nouvelles. En un mot, je suis à ses ordres pour le reste de ma vie.

258. DU MÊME.

Paris, vendredi 3 avril 1750.

Sire, voici des rogatons qui m'arrivent, dans l'instant, de l'imprimerie. Jugez le procès des anciens et des modernes. Vous qui