<167>S'enfuit au plus vite, et partit
Pour aller saisir la personne
De quelque pesant cardinal,
Ou pour achever, dans Lisbonne,
Le prêtre-roi de Portugal.a

Vraiment, Sire, je ne vous dirais pas de ces bagatelles rimées, et je serais bien loin de plaisanter, si votre lettre, en me rassurant, ne m'avait inspiré de la gaîté. La Renommée, qui a toujours ses cent bouches ouvertes pour parler des rois, et qui en ouvre mille pour vous, avait dit ici que V. M. était à l'extrémité, et qu'il y avait très-peu d'espérance. Cette mauvaise nouvelle, Sire, vous aurait fait grand plaisir, si vous aviez vu comme elle fut reçue. Comptez qu'on fut consterné, et qu'on ne vous aurait pas plus regretté dans vos États. Vous auriez joui de toute votre renommée, vous auriez vu l'effet que produit un mérite unique sur un peuple sensible; vous auriez senti toute la douceur d'être chéri d'une nation qui, avec tous ses défauts, est peut-être dans l'univers la seule dispensatrice de la gloire. Les Anglais ne louent que des Anglais; les Italiens ne sont rien; les Espagnols n'ont plus guère de héros, et n'ont pas un écrivain; les monades de Leibniz, en Allemagne, et l'harmonie préétablie, n'immortaliseront aucun grand homme. Vous savez, Sire, que je n'ai pas de prévention pour ma patrie; mais j'ose assurer qu'elle est la seule qui élève des monuments à la gloire des grands hommes qui ne sont pas nés dans son sein.

Pour moi, Sire, votre péril me fit frémir, et me coûta bien des larmes. Ce fut M. de Paulmi qui m'apprit que V. M. se portait bien, et qui me rendit ma joie.

Je serais tenté de croire que les pilules de Stahla doivent faire


a Jean V.

a Voyez t. I, p. 263.