<157>Dites, s'il vous plaît, à Rottembourg, si vous le voyez, que cec n'est pas bien à lui de ne me point écrire depuis qu'il est à Paris. Je n'entends non plus parler de lui que s'il était à Pékin. Votre air de Paris est comme la fontaine de Jouvence, et vos voluptés comme les charmes de Circé; mais j'espère que Rottembourg échappera à la métamorphose.

Adieu, admirable historien, grand poëte, charmant auteur de cette Pucelle, invisible et triste prisonnière de Circé;d adieu à l'amant de la cuisinière de Valori,e de madame du Châtelet et de ma sœur.f Je me recommande à la protection de tous vos talents, et surtout de votre goût pour l'étude, dont j'attends mes plus doux et plus agréables amusements.

On démeuble la maison que l'on avait commencé à meubler pour vous à Berlin.

220. DE VOLTAIRE.

Paris, 22 septembre 1746.

Sire, votre personne me sera toujours chère, comme votre nom sera toujours respectable à vos ennemis mêmes, et glorieux dans la postérité. Le sieur Thieriot m'apprit, il y a quelques mois, que vous aviez perdu, dans le tumulte d'une de vos victoires, ce commencement de l'Histoire de Louis XIV que j'avais eu l'honneur de remettre entre les mains de V. M. J'envoyai, quelques jours après, à Cirey, chercher le manuscrit original, sur lequel je fis faire une nouvelle copie. M. de Maupertuis partit de Paris avant que cette copie fut prête, sans quoi je l'en aurais chargé; il me dit l'étrange raison alléguée par le sieur Thieriot à V. M.


c A partir du mot « ce, » le texte de cette lettre manque dans le manuscrit de Saint-Pétersbourg, et nous le tirons de l'édition de Kehl, t. LXV, p. 184.

d Voyez t. XXI, p. 90.

e Voyez t. XI, p. 152.

f Voyez t. XIV, p. 103-106.