<100>Et mon héros tient ses promesses;
Car sachez que, lorsqu'il était
Dans cet âge où l'homme est frivole,
D'être un grand homme il promettait,
Et qu'il a tenu sa parole.

C'est ainsi que tout le monde, en me parlant de V. M., adoucit un peu mon chagrin de n'être plus auprès d'elle. Mais, Sire, prendrez-vous toujours des villes, et serai-je toujours à la suite d'un procès? N'y aura-t-il pas, cet été, quelques jours heureux où je pourrai faire ma cour à V. M., etc.?

184. DU MÊME.

Juillet 1742.

Sire, j'ai reçu des vers et de très-jolis vers de mon adorable roi, dans le temps que nous pensions que V. M. ne songeait qu'à délivrer d'inquiétude le maréchal de Broglie, votre ancien ami de Strasbourg. V. M. a glissé dans sa lettre l'agréable mot de paix, ce mot qui est si harmonieux à mon oreille; voici une ode que je barbouillais contre tous vous autres monarques, qui sembliez alors acharnés à détruire mes confrères les humains. Le saigneur des nations, Frédéric III,a Frédéric le Grand, a exaucé mes vœux; et à peine mon ode, bonne ou mauvaise,b a été faite, que j'ai appris que V. M. avait fait un très-bon traité, très-bon pour vous sans doute, car vous avez formé votre esprit vertueux à être grand politique. Mais si ce traité est bon pour nous autres Français, c'est ce dont l'on doute à Paris; la moitié du monde crie que vous abandonnez nos gens à la discrétion du dieu des armes; l'autre moitié crie aussi, et ne sait ce dont il s'agit;


a Voltaire a écrit Frédéric III, parce que Frédéric était en effet le troisième roi de Prusse.

b Ode à la reine de Hongrie. Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XII, p. 447.