<363>langue, qui n'est pas assez accoutumée aux détails. Au reste, nous faisons médiocrité de cinq syllabes; si vous voulez absolument n'en mettre que trois, quatre, les princes sont les maîtres.a

La fin de l'Épître à M. Jordanb est un engagement de rendre les hommes heureux; vous n'avez pas besoin de le promettre; j'en crois votre caractère, sans avoir besoin de votre parole.

Voici quelques pièces, moitié prose, moitié vers, pour payer mon tribut à celui qui m'enrichit toujours. L'Épître à M. de Maurepas, l'un de nos secrétaires d'État, est bien pour V. A. R. autant que pour lui, car il me semble que c'est bien là le goût de V. A. R. de protéger également tous les arts, et je suis bien sûr que si quelqu'un avait fait le livre édifiant de Marie Alacoque,c vous ne lui donneriez point l'archevêché de Sens pour récompense, avec cent mille livres de rente, tandis qu'on laisse dans la misère des hommes de vrais talents.

Je ne sais si V. A. R. aura reçu certaine écritoire envoyée à Wésel par la poste, cachetée aux armes de la princesse de La Tour, et adressée à M. le général Borcke, ou au commandant de Wésel, pour faire tenir en diligence. V. A. R. m'a envoyé de quoi boire, et moi, je prends la liberté d'envoyer de quoi écrire.

Donner un cornet pour du vin
N'est pas grande reconnaissance;
Mais ce cornet fera, je pense,
Eclore quelque œuvre divin
Qui vaudra tous les vins de France.

Je me flatte que V. A. R. me pardonne ces excessives libertés. J'attends ses derniers ordres sur la réfutation du docteur des


a Frédéric ne savait pas le latin; peut-être Césarion était-il l'auteur de la traduction critiquée par Voltaire; car Maupertuis, en louant, dans son Éloge de Keyserlingk, le talent de cet ami du Roi pour la poésie, rappelle ses traductions de quelques odes d'Horace en vers français. En 1738, le comte de Manteuffel avait traduit l'ode d'Horace Justum ac tenacem propositi virum, que Frédéric avait désiré lire en français, l'ayant trouvée citée dans un de ses livres. Voyez Gottsched und seine Zeit, par M. Danzel. Leipzig. 1848, p. 27.

b Voyez t. XIV, p. 57-60, et t. XVII, p. 69-71.

c La Vie de Marguerite-Marie Alacoque, religieuse de la Visitation de Sainte-Marie du monastère de Paray-le-Monial, en Charolais, par Languet, évêque de Soissons. Paris, 1729, in-4. L'auteur de cet ouvrage, entre autres absurdités, va jusqu'à mettre dans la bouche de Jésus-Christ quatre vers pour Marie Alacoque.