<271>Le Ciel entend la Terre, il exauce ses plaintes;
Minerve, la Santé, les Grâces, les Amours,
Revolent vers mon prince, et dissipent nos craintes
En assurant ses jours.

Rival de Marc-Aurèle, âme héroïque et tendre,
Ah! si je peux former le désir et l'espoir
Que de mes jours encor le fil puisse s'étendre,
Ce n'est que pour vous voir.

Je suis né malheureux; la détestable envie,
Le zèle impérieux des dangereux dévots,
Contre les jours usés de ma mourante vie
Arment la main des sots.

Un lâchea me trahit, un ingratb m'abandonne;
Il rompt de l'amitié le voile décevant.
Misérables humains, ma douleur vous pardonne :
Frédéric est vivant.

Il les faut excuser, monseigneur, ces vers sans esprit, que le cœur seul a dictés au milieu de la crainte où je suis encore de votre danger, dans le même temps que j'avais la joie d'apprendre votre résurrection de votre propre main.

V. A. R. est donc comme le cygne du temps passé; elle chante au bord du tombeau. Ah! monseigneur, que vos vers m'ont rassuré! On a bien de la vie quand l'esprit fait de ces choses-là après une crampe dans l'estomac. Mais, monseigneur, que de bontés à la fois! Je n'ai de protecteurs que vous et Émilie. Non seulement V. A. R. daigne m'aimer, mais elle veut encore que les autres m'aiment. Eh! qu'importent les autres? Après tout, je n'aurai pas la malheureuse faiblesse de rechercher le suffrage de Vadius,c quand je suis honoré des bontés de Frédéric; mais le malheur est que la haine implacable des Vadius est souvent suivie de la persécution des Séjan.

Je suis en France parce que madame du Châtelet y est; sans elle, il y a longtemps qu'une retraite plus profonde me déroberait


a L'abbé Desfontaines.

b Thieriot.

c Personnage ridicule des Femmes savantes, de Molière.