<225>fois à moi, lorsque vous n'aurez rien de mieux à faire; il ne faut point que je déplace quelque bonne pensée de votre esprit. Mes compliments à la marquise. Mon Dieu! on est si distrait ici, qu'on n'est point à soi-même. Aimez-moi un peu, car j'y suis très-sensible; et ne doutez point des sentiments d'estime avec lesquels je suis, monsieur, etc.

61. DE VOLTAIRE.

Cirey, août 1738.

Monseigneur, Votre Altesse Royale me reproche, à ce que dit M. Thieriot, que mes occupations sont plutôt la cause de mon silence que mes maladies. Mais, monseigneur, j'ai eu l'honneur d'écrire par M. Plötzb et par M. Thieriot. Voici une troisième lettre, et V. A. R. pourra bien ne se plaindre que de mes importunités.

Ceci, monseigneur, n'est ni belles-lettres, ni vers, ni philosophie, ni histoire. C'est une nouvelle liberté que j'ose prendre avec V. A. R.; je pousse à bout votre indulgence et vos bontés.

J'ai déjà eu l'honneur de dire un mot à V. A. R. d'une petite principauté située vers Liége et Juliers. Elle s'appelle Beringen. Elle est composée de Ham et Beringen. Elle appartient au marquis de Trichâteau, par sa mère, qui était de la maison de Honsbruck.

Il y a des dettes. Madame du Châtelet, qui a plein pouvoir d'en disposer, voudrait bien que ce petit coin de terre, qui ne relève de personne, pût convenir à Sa Majesté le Roi votre père. Cinq ou six cent mille florins que la terre peut valoir ne sont que l'accessoire de cette affaire. Le principal serait que la reine de Saba viendrait sur les lieux, s'il en était temps encore, pour y voir le Salomon de l'Europe. V. A. R. sait si je serais du voyage.


b Voyez t. XVI, p. 140; t. XVII, p. 9; et ci-dessus, p. 150, 151, 155 et 165.