32. AU MÊME.

Le 1er juin 1764.

Si je ne vous écris pas moi-même, mon cher ami, c'est que j'ai la goutte à la main gauche. Vous direz peut-être que je pourrais bien conduire la plume de la main droite; mais le papier m'échapperait, et je ne veux pas fatiguer vos yeux d'un griffonnage de chat. Cet accident, qui m'est venu fort mal à propos, m'a empêché de voir les régiments de la Poméranie et de la Nouvelle-Marche, et m'a obligé de différer de deux jours la revue des régiments de Magdebourg.

J'irai sans façon chez vous, comme un ancien ami, en passant par Brandebourg. J'y serai le 4 à midi. Je n'amène avec moi qu'un seul ami,148-a bien digne de votre amitié et de votre estime; <132>ainsi nous ne serons que nous trois, si vous le trouvez bon. Il ne faut que peu de chose pour me nourrir; je ne vous demande qu'une bonne soupe et un plat d'épinards, bon visage d'hôte, et de vous trouver en bonne santé. Ce dernier article est de tous celui que je vous recommande le plus.

Adieu, mon cher ami; j'espère vous assurer alors de toute mon estime.


148-a Probablement le prince héréditaire de Brunswic. Voyez t. IV, p. 157 et 209; t. V, p. 6-11; t. VI, p. 251, §. 18; t. XII, p. 25, et t. XIX, p. 137.