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6. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS.

Berlin, 30 janvier 1745.

J'ai reçu, avec votre billet du 28 de ce mois, la lettre apologétique par laquelle le baron de Pöllnitz tâche à donner quelque tour à la vilaine pièce qu'il a jouée au marchand Martini, à Paris. Je sais ce que j'en dois croire. Mais, ayant pardonné audit Pöllnitz les sottises passées qu'il a faites, je lui passerai encore celle-là, à condition qu'il tâche de satisfaire ce marchand, et qu'il se garde bien de commettre plus de pareils forfaits et avanies, que je ne lui pardonnerai plus, si jamais il y revient, et dont il sentira alors tout le poids de mon indignation. Et sur cela, etc.

7. AU BARON DE PÖLLNITZ.

(1745.)

J'ai lu votre ouvrage, cher baron, avec beaucoup d'attention, et, comme je sais que vous ne voulez point être flatté, je vous dirai mon sentiment avec beaucoup de franchise. Il me semble que vous n'avez pas été d'accord avec vous-même lorsque vous avez commencé à écrire; car vous devez observer que ce que vous m'envoyez est l'histoire de la vie de mon grand-père, où il n'y a jamais eu d'histoire écrite en style épistolaire, et même vous ne le suivez pas tout à fait. Les lettres doivent avoir des libertés et des réflexions plus familières que le style de l'histoire, qui demande de la gravité. Si donc vous voulez écrire l'histoire des deux derniers règnes, réduisez tout en chapitres; tirez plus de lumières des archives pour ce qui regarde les négociations; abrégez les descriptions, les cérémonies qui sentent la gazette; ne parlez tout au plus qu'une fois de vingt-quatre trompettes et de deux timbaliers; étendez-vous plus sur les grandes affaires,