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14. AU MÊME.

Faubourg de Breslau, 9 décembre 1757.



Mon cher mylord,

Je vous remercie, mon cher mylord, de la part que vous prenez à nos avantages. Le mauvais état de mes affaires de Silésie m'avait obligé d'y accourir après la bataille de Weissenfels.a Le 5 de ce mois, nous avons attaqué la grande armée autrichienne auprès de Lissa; la fortune nous a été favorable, et ils ont beaucoup souffert. Nous avons cent soixante-trois officiers des leurs prisonniers, dont deux lieutenants-généraux, au delà de vingt mille soldats, cent soixante-cinq canons, quarante-trois étendards ou drapeaux, et plus de trois mille chariots de bagage. Je suis actuellement occupé à reprendre Breslau, tandis que le général Zieten les talonne. Quando avrai fine il mio tormento!b Adieu, mon cher mylord; je vous embrasse.

15. AU MÊME.

(Breslau) 7 février (1758).

Je vous suis, mon cher mylord, très-obligé de votre souvenir; nous avons ici tant de gens qui pensent à la Suisse, que je vous prie de me débarrasser des Suisses qui se sont offerts chez vous. Je cours, mon cher mylord, les grandes aventures; les rois, les empereurs et les gazetiers se sont déchaînés contre moi. Mais j'espère de battre ou de faire battre les uns et les autres. Voilà, mon cher mylord, ma ferme intention, et j'attends philosophiquement l'événement, persuadé que l'inquiétude ne sert de rien, et qu'il n'arrivera que ce qu'il plaira au destin ou au hasard. Adieu,


a La bataille de Rossbach, gagnée le 5 novembre. Voyez t. IV, p. 172.

b Voyez t. XIX, p. 119.