<258>s'était remis au beau. En entrant en Suisse, la première nuit on me donna au cabaret des cerises, la seconde des fraises et des framboises. J'avais une belle peur, car les cerises encore n'étaient-elles pas mûres; mais dans le château où la bonté de V. M. m'a donné les invalides, j'ai jusqu'à cette heure un temps d'Espagne et la plus belle vue du monde. J'ai déjà essuyé bien des harangues; chacun en particulier et chaque corps en corps m'en fait, et j'en ai bien encore qui m'attendent. Ma grandeur s'acquitte très-mal des réponses; j'ai mieux fait à l'église ce matin, où l'ennui du sermon aura sans doute passé pour un air de contrition. J'espère que la Vénérable Classea a été édifiée de ma contenance; j'ai naturellement le museau triste et de Calvin. Dans huit jours les cérémonies se finiront, et je supplie V. M. de croire que je ferai vos affaires de mon mieux, et que j'ai l'honneur d'être avec la plus parfaite reconnaissance et le plus profond respect

de Votre Majesté
le très-humble et très-obéissant et très-fidèle serviteur,
Le Maréchal d'Écosse.

3. A MYLORD MARISCHAL.

Le 31 décembre 1754.

Mon cher mylord, je suis fort étonné de la barbarie qui règne encore dans les lois de votre gouvernement, après que j'ai abrogé dans tout le pays les restes des usages sauvages de nos anciens Germains. Vous me ferez plaisir et je vous autorise à faire cesser incessamment et la question,a et la pénitence des Madeleines.b Je sens bien que je serai obligé d'envoyer là-bas quelqu'un de la


a Titre que l'on donne à Neufchâtel à la compagnie des pasteurs, autorité ecclésiastique supérieure.

a Voyez t. IX, p. 32.

b Abolie en Prusse le 20 juin 1746.