<127>que j'ai connue si bonne autrefois, que j'ai vu ruiner par des guerres sanglantes, et qui, comme un phénix, renaît de ses cendres.

Adieu, mon bon et cher ami. Je vous aime de tout mon cœur; soyez-en persuadé, ainsi que de l'estime que j'ai pour vous.

27. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.

Brandebourg, 12 avril 1764.



Sire,

Je prends toute la part imaginable au contentement que le voyage de Silésie vient de donner à V. M., ce qui n'est uniquement dû qu'à la conduite que vous y avez tenue pendant la guerre et aux bons arrangements pris depuis la paix. Une ou deux récoltes comme la précédente raccommoderont le pays, et le monde y repeuplera comme le grain.

Mon opinion sur le sujet de votre armée, Sire, est qu'une couple d'années la remettra non seulement sur un bon pied, mais qu'elle surpassera même par sa valeur intrinsèque celle des premières campagnes, puisque nous étions tous apprentis et dans le noviciat, au lieu que les trois quarts de l'armée d'à présent ont fait la guerre, et que vous y avez formé autant d'officiers.

Je suis pénétré, Sire, de votre gracieux souvenir et du présent de la porcelaine, que je trouve infiniment belle. Je souhaite que la fabrique de Berlin y réponde, ne pouvant m'imaginer qu'elle puisse la surpasser.

Ceux qui vous ont accusé l'état de ma santé en ont fort bien jugé. J'ai bonne apparence à table et assis; mais il me semble que le corps, les jambes et la voix s'affaiblissent de plus en plus. J'ai dessein de prendre le petit-lait et les herbes vertes le 10 ou 15 de mai, pendant trois semaines. Disposez de moi, Sire; décidez si je dois jouir du bonheur de me mettre à vos pieds avant ou après ma cure, ou aux dépens du petit-lait même.