<115>Je juge par les traits de générosité de V. M. que ses trésors sont inépuisables. Tant mieux, je vous en félicite, et suis, etc.

11. DU MÊME.

Léobschütz, 2 janvier 1759.



Sire,

Il est étonnant, il est même surnaturel de voir Votre Majesté suffire à tant d'occupations différentes, et qui toutes sont d'un détail infini; aussi êtes-vous l'unique dans ce monde qui puisse y fournir.

Sans contredit, celles de la guerre sont les plus pressantes et les plus nécessaires; et je vois aussi, par les Réflexions que V. M. vient de faire sur cet objet important, qu'elle l'a profondément médité. Personne n'est plus capable que vous, Sire, de faire de solides réflexions; elles sont le fruit de la grande expérience que vous avez acquise. Personne n'a soutenu des guerres comparables à celles que vous avez faites; l'histoire ne présente rien de tel, et, quoique dans cette dernière campagne vous n'ayez point fait de conquêtes, les faits mémorables qui la caractérisent, l'activité que vous y avez déployée, et le courage avec lequel vous avez soutenu et repoussé les puissances les plus formidables de l'Europe, vous immortaliseront à jamais, et vous donnent le pas sur tous les héros anciens et modernes.

La flatterie, Sire, n'est point de mon caractère; le monde entier vous rend justice.

Il semble, Sire, que, en me communiquant vos Réflexions sur la tactique et sur quelques parties de la guerre, V. M. approuve, ou plutôt m'ordonne de lui en dire mon sentiment; c'est un maître qui veut se faire instruire par son écolier. J'obéis, et je me flatte de ne courir aucun risque, puisque la sincérité de mes sentiments vous est connue, aussi bien que mon attachement pour votre service et mon zèle pour votre auguste personne.