<113>Je relus hier la lettre de V. M., et jamais je ne ressentis plus de joie.

Christian vient de m'octroyer le congé et de me marquer par son greffier que, en considération du parfait dévouement qu'il se ressent pour V. M., il me le donne avec le brevet de colonel, m'ordonne encore de me rendre à Schlev.,a où il veut me voir et me parler.

Je pars demain, et me rendrai le plus prompt que possible aux pieds de V. M., pour lui renouveler les vœux d'une affection et d'une fidélité inviolable, l'entière soumission et le profond respect avec lesquels je suis, etc.

8. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.

Neudorf, près de Nollendorf,b 26 (octobre 1756).

Je vous remercie, mon cher Fouqué, de la part que vous prenez aux succès de ma campagne. J'ai fait ce que j'ai pu. Les ennemis ont apparemment fait plus de fautes que mes officiers, de sorte que, cette année, nous avons réussi. Mais toute cette campagne n'est que l'entablement au jeu d'échecs. L'année qui vient, la partie commencera, et c'est une rude tâche que je me suis proposée d'être sage toujours. Le projet est hardi pour un étourdi comme vous me connaissez; j'y ferai ce que je pourrai. Je placerai votre Goltz. J'ai des compagnies à revendre, et je me déferai de toutes les lourdes bêtes de l'armée, comme le commencement s'en est déjà fait. Je ne regarde pas la campagne comme entièrement finie, et je crois que nous aurons encore un petit bout d'arrière-saison. Je m'y prépare, et j'ai pris mes arrangements d'avance, pour qu'on ne me prenne pas sans vert. Adieu, mon


a Ce mot, fidèlement copié sur l'original, est probablement l'abréviation de Schleswig.

b Voyez t. IV, p. 112.