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43. FRÉDÉRIC AU BARON DE PÖLLNITZ.

Potsdam, 15 juin 1770.

Comme je vois par votre lettre du 14 de ce mois que, par un effet du comportement capricieux du sieur Fierville, je serai trop importuné par les plaintes de son monde, je viens de lui déclarer que, s'il ne change pas de conduite envers ces gens-là et les paye exactement, je pourrais bien commencer à lui retrancher également ses appointements, et le renverrais à la fin tout à fait, en remettant le théâtre sur l'ancien pied.

Au reste, je suis bien aise de vous dire que, si votre santé vous le permet, vous me ferez plaisir de vous rendre ici et de passer quelque temps avec moi. Sur ce, etc.

44. L'ÉLECTRICE DOUAIRIÈRE ANTONIE DE SAXE AU BARON DE PÖLLNITZ.

Pillnitz, 27 août 1770.

Vous avez accusé très-juste, mon cher baron, en accusant le Roi que c'est le plaisir seul de revoir S. M. qui me ramènera dans le Brandebourg, et que, pour être d'autant moins distraite dans les conversations lumineuses de ce monarque, je préférerais sans doute le séjour de Potsdam ou de Sans-Souci à celui de Berlin. Cette réponse est d'un vieux routier qui sait lire dans les cœurs. Oui, mon cher baron, je serai charmée de faire ma cour au Roi à Potsdam, tant que le loisir qu'il voudra me sacrifier aux dépens de ses peuples le lui permettra. Mais être si près de Berlin sans m'acquitter du devoir de la reconnaissance envers la Reine et la famille royale, et surtout de ceux de l'amitié la mieux cimentée pour madame la princesse Amélie, qui, après le Roi, est la personne du monde à qui je suis le plus attachée, aucun prétexte ne