<420>je ne lutte pas contre vous; un malade expérimenté comme vous a des ressources trop abondantes pour confondre un novice à imagination tudesque, c'est-à-dire, sèche et stérile. Je souhaite donc que vos maux se succèdent sans interruption, pour que vous savouriez à longs traits la félicité d'être malade, que tous les quinze jours vous fassiez trembler une fois vos amis pour votre vie, et que vous ne mouriez cependant jamais. Je me flatte que ce petit compliment sera reçu avec un accueil bénévole, et que vous soyez convaincu à quel point mon style s'étudie à vous complaire. Je ne saurais le tourner mieux, et en vérité, marquis, vous serez obligé de convenir que j'ai le ton de votre quartier, sans cependant l'avoir fréquenté. Il y a deux grands mois que je vous ai perdu de vue, et, en suivant un calcul de probabilité, je pourrais soutenir et prouver que vous n'êtes plus au monde. Que vos mânes donc conservent leur ancienne propension à l'individu qui a chanté et célébré vos maladies, tout comme autrefois Homère chanta les travaux et la valeur des Grecs au fameux siége de Troie. Vale.

313. AU MÊME.

Le 18 juin 1768.

Voici un écrit qu'il vous plaira de signer, pour que je sois désormais sûr de mon fait. Ce sera votre capitulation, ou bien le traité de paix qui assurera mes droits, et qui me mettra en possession de vous avoir à mes soupers. Je ne vous en remercierai pas moins de l'honneur que vous voudrez me faire, et je vous promets de rire le premier à vos bons mots, de dire que la place d'Aix est la plus belle place de l'Europe, que vous avez la meilleure blanchisseuse du royaume et le plus habile valet de chambre des savants. Je suis, monsieur le marquis, votre très-humble serviteur.