<386>Portez-vous bien, et n'oubliez pas un philosophe qui est condamné à mener une vie vagabonde comme le Juif errant. Adieu.

290. DU MARQUIS D'ARGENS.b

Un philosophe mauvais catholique supplie un philosophe mauvais protestant de donner le privilége à un philosophe mauvais juif. Il y a dans tout ceci trop peu de religion pour que la raison ne soit pas du côté de la demande.

291. AU MARQUIS D'ARGENS.

En 1768 ou 1769 (avril 1764).

J'ai reçu, divin marquis, votre ouvrage de Julien,a mais je n'ai pas encore eu le temps de le lire; vous me permettrez d'en suspendre mon jugement. Je vous fais mille condoléances sur votre guérison, quoique je m'en réjouisse fort. Je conçois combien il sera fâcheux de ne se plus nourrir de vingt-quatre drogues par jour, de ne se pas tâter le pouls de minute en minute, de n'avoir plus ni hémorragie, ni étisie, ni pleuropneumonie, ni hydropisie, ni hémorroïdes, chiragre, fièvre symptomatique, asthme, enrouement, scorbut, enfin une infinité de charmantes


b Cette pièce n'est proprement qu'un post-scriptum que le marquis d'Argens ajouta à une lettre de Moses Mendelssohn au Roi, du 19 juillet 1763. Voyez les Anekdoten von König Friedrich II, publiées par Frédéric Nicolaï, Ier cahier, où l'on trouve, p. 61-69, l'histoire du privilége demandé au Roi par Moses Mendelssohn, et où ce post-scriptum est un peu altéré.

a Défense du paganisme par l'empereur Julien, en grec et en français, par M. le marquis d'Argens. A Berlin, 1764, in-8. La dédicace au duc Ferdinand de Brunswic est datée de Potsdam, 28 mars 1764.