<340>celui d'une heure de temps, et je croirai avoir gagné encore cent pour cent à ce troc. Il y a un vers, dans votre Épître, qu'il faut absolument changer :

Ne lui dépeignez point le martyr qui vous presse.a

Il faut absolument :

Ne lui dépeignez point le martyre qui vous presse.

Alors le vers n'y est plus. Voilà la seule chose que j'ai trouvée à redire dans votre charmante Épître.

J'ai vu la promise de M. de Catt;b elle m'a paru très-aimable, elle est fort jolie, et tout le monde dit beaucoup de bien de son caractère. Ce n'est pas pour un homme de lettres une petite affaire que d'avoir une bonne femme. Je serais mort dix fois ou devenu fou depuis trois ans, si je n'avais pas été assez heureux pour avoir la mienne. On doit dire des femmes ce qu'Ésope disait de la langue : Il n'y a rien de meilleur, et rien de plus mauvais.

Je prends la liberté d'envoyer à V. M. la feuille d'une gazette d'Utrecht dans laquelle il y a un article concernant les anciens sujets de Mithridate. Je serais bien fâché qu'il fût véritable, et je ne m'étonnerais plus, s'il l'était, de voir que ce dont V. M. m'avait fait la grâce de me parler n'a point encore eu lieu.

On assure que V. M. fait assiéger Schweidnitz. Lorsque vous l'aurez pris, envoyez-nous donc des postillons pour réjouir un peu les bons Berlinois, et ne faites pas comme la dernière fois que vous le reprîtes, où vous ne daignâtes pas nous envoyer une simple estafette. Nous avons tant eu de chagrins! Il est bien juste que nous ayons un peu de plaisir. J'ai l'honneur, etc.


a Voyez t. XII, p. 253, v. 5.

b Voyez, t. XIV, p. XI et XII, no XXX, et p. 140-157.