<310>une cour où, depuis le changement de ministère, la faiblesse paraît avoir succédé à la fermeté. Malgré les avantages inespérés que la fortune semble vouloir donner à des gens qui en savent si mal profiter, j'espère que, si les anciens sujets de Mithridate se mettent en mouvement, tout ira à merveille, et que vous pourrez laisser faire à ceux qui se conduisent contre toutes les règles de la politique autant de sottises qu'ils voudront, sans qu'elles vous portent préjudice. J'attends donc avec une impatience infinie la confirmation des nouvelles des anciens ennemis de Pompée. J'ai beaucoup plus de foi en leurs promesses qu'en celles des gens que j'ai vus autrefois avec M. d'Andrezel.

J'ai prié M. de Catt, qui aura l'honneur de rendre ma lettre à V. M., de lui dire une chose qui peut lui être utile, et que je crois ne devoir pas confier au papier, parce qu'on ne sait ce qui peut arriver à un voyageur. Le même M. de Catt, avec qui j'ai eu la consolation de m'entretenir tous les jours de V. M., pourra lui dire le genre de vie que j'ai mené depuis dix mois. J'ai l'honneur, etc.

236. AU MARQUIS D'ARGENS.

Breslau. 29 avril 1762.

Je commençais à languir comme une fleur qui n'a pas été arrosée de longtemps, lorsque Catt m'a rendu votre lettre. Cette divine rosée m'a ranimé et m'a donné une nouvelle vie. Il est plaisant, mon cher marquis, que vous travailliez sur le Nouveau Testament, et moi sur les Pères de l'Église. Quel démon nous a fourni ces idées? Dites-moi, par quel concert notre esprit s'est-il dirigé en même temps sur ces matières? Je crois que nous n'en savons rien ni l'un ni l'autre. Je vous avoue que je m'étonne de l'égarement extrême de l'esprit humain toutes les fois que je relis ces disputes sur des dogmes et des mystères. Cependant je ne vous dis rien que ce que vous savez déjà, et je vois d'ici, à votre air,