<228>bien mauvais livre. J'aimerais mieux être exilé jusqu'à la fin de ma vie que d'avoir seulement l'idée d'en faire un pareil.

Je travaille à la traduction de Plutarque, et j'espère que j'en aurai fait une bonne partie avant le commencement de l'année prochaine. Je vous ai toujours présent devant les yeux, et je me dis sans cesse à moi-même, en travaillant : Prends garde à toi, et songe à ce que dira le Roi.

Je pars demain pour la campagne. V. M. me fera toujours la grâce d'adresser à Berlin les lettres dont elle voudra m'honorer, et M. Jordan, maître des postes, me les fera remettre exactement.

J'espère que V. M. jouit d'une bonne santé. L'exercice et l'occupation dissiperont les humeurs causées par la vie sédentaire de cet hiver. Je suis bien résolu de suivre le conseil que me donne V. M. à ce sujet, car je m'aperçois que j'ai plus ou moins de mal à l'estomac, selon le plus ou le moins d'exercice que je fais. N'allez pourtant pas me proposer une compagnie dans un bataillon franc, à moins que vous ne fassiez un concordat avec vos ennemis, par lequel on ne se battra qu'à onze heures du matin. J'ai l'honneur, etc.

173. AU MARQUIS D'ARGENS.

(Kunzendorf) mai 1761.

Je vous vois avec plaisir à la campagne, mon cher marquis; si vous y prenez quelque exercice, cela contribuera à votre santé, et vous y serez plus tranquille qu'à Berlin. Je vous rends grâces de ce que vous n'oubliez pas la version de Plutarque dont je vous avais prié de vous charger; c'est un service important que vous rendez à la république des lettres et à tous les amateurs de l'antiquité. Veuille le ciel que la paix précède la fin de votre traduction! Je crains bien qu'il n'en soit autrement. Je suis aussi incrédule sur les sentiments pacifiques de certaines puissances que vous l'êtes sur la sainte ampoule. Je prévois qu'il y aura encore