<195>de Voltaire, intitulé le Pauvre Diable? C'est une pièce fort plaisante, mais remplie de traits satiriques contre plusieurs auteurs qu'il n'aime pas; je l'enverrai par le premier courrier à V. M.

Je pense qu'il importe fort peu aujourd'hui à la politique de savoir où se trouve le prétendant; cependant je crois devoir copier ici l'article d'une lettre écrite à un de nos académiciens, Suisse de nation, nommé Merian, intime ami de feu Maupertuis, et homme sage et de beaucoup de mérite. Cette lettre est écrite de Bouillon, auprès de Sedan : « Nous avons ici un personnage qui a bien fait du bruit par ses prétentions, et dont la postérité parlera avantageusement jusqu'au moment de sa sortie de France. Il vit ici en bourgeois; je le vois souvent, mais je cesserai bientôt de le voir, parce qu'il est d'un caractère insupportable. Il est singulier de voir tant de bizarrerie, de bassesse et d'orgueil joints ensemble; ajoutez à cela : de mauvaise humeur. »

J'attends, Sire, des nouvelles de la santé de V. M. avec le même empressement que les juifs attendent le Messie, et les jansénistes la grâce efficace. Si vous n'avez pas le temps de m'écrire un mot, faites-moi savoir par quelqu'un que vous vous portez bien. Voilà tout ce qui m'intéresse; il me paraît que cela est bien vite écrit : Le Roi se porte bien. C'est tout ce que je veux savoir. J'ai l'honneur, etc.

149. DU MÊME.

Berlin. 19 octobre 1760.



Sire,

J'aurais eu l'honneur d'écrire à Votre Majesté dès le moment qu'elle est entrée en Saxe, et que la correspondance avec son armée a été rétablie; mais j'ai jugé qu'elle serait d'abord si accablée d'affaires, qu'il était inutile que je joignisse ma lettre à tant d'autres plus importantes qu'elle aura reçues. Je m'acquitte actuellement, Sire, de mon devoir, et je vais lui écrire en peu de