<105>Du soldat qui le canonise.
Ah! que dira Sa Sainteté
Du démenti que tu lui donne?
Ne crois pas qu'elle te pardonne
Ce tour de ta malignité.
Chasser ainsi de Saxe un héros breveté,
Et par saint Pierre et par Bellone
Conduit à l'immortalité,
Quand le pape lui-même ordonne
Que l'hérétique impur, par son glaive dompté,
Dans l'abîme, brûlante zone,
Soit par le saint précipité!
Fortune, que je crains qu'aveugle en ta manie,
Tu n'allumes enfin le dangereux courroux
D'un pontife irrité, sensible à l'avanie,
Qu'en pompe solennelle, et de ses droits jaloux,
A Rome il ne t'excommunie!
Aussitôt l'union, tressaillissant d'effroi,
Atterrée par cette sentence,
T'éviterait avec prudence.
L'avide financier, le plat pédant de loi,
Le courtisan qui fait l'homme de conséquence,
L'indigent laboureur, l'ambitieux, le roi,
Tous, redoutant ta bienveillance,
A pas précipités s'enfuiraient loin de toi,
Et ton temple désert et vide
Nous ferait autant de pitié
Que le sacré temple où réside
La déesse de l'amitié.
Depuis, pesant cette matière,
Donnant à mon esprit une libre carrière,
Marquis, j'ai trouvé la raison
Pourquoi, près de cette frontière,
Ce héros décoré de toque et de toison
D'une écrevisse a pris la démarche en arrière.
Cette âme dévote et guerrière
Fut par le vieux Satan, par cet esprit malin,
A nous nuire toujours enclin,
Induite d'étrange manière.
Il sut par des travaux lui remplir tout son temps,
Si bien que, deux jours du printemps,
Le héros oublia de dire son bréviaire;
Par quoi le saint héros, quoiqu'à Vienne prôné,