42. DU COMTE ALGAROTTI.

Potsdam, 11 mars 1748.



Sire,

Je renvoie à Votre Majesté un écrit65-b dont j'aurais bien voulu garder copie. J'y ai vu les différents états du Brandebourg par rapport à l'industrie, au progrès des arts et des sciences; mais j'y ai vu encore mieux ce génie qui, ayant égalé les plus grands hommes de Sparte par ses exploits, égale maintenant les plus grands d'Athènes par ses écrits. Rien de mieux raisonné, de plus varié, de plus rapide que le corps de l'ouvrage; rien de plus beau que l'introduction et la conclusion. C'est un édifice admirable, orné d'une superbe façade, et dont le fond de la cour est décoré par de somptueux portiques. Réflexions, comparaisons, tout est de la dernière justesse, de la première beauté. L'érudition fortifie le raisonnement, et on y goûte les fruits sous l'agrément des fleurs. Le conquérant de la Silésie, le législateur de la Prusse, l'architecte de Sans-Souci, le compositeur des plus beaux airs de musique, le philosophe le plus élégant, le poëte le plus raisonnable, enfin le prince le plus humain et le plus aimable du siècle, tout cela est peint dans cet ouvrage. Ce que V. M. dit du progrès des beaux-arts dans le Nord, elle le vérifie. Un dieu qui prophétise accomplit en même temps ses oracles.


65-b Algarotti parle de la dissertation Des mœurs, des coutumes, de l'industrie, des progrès de l'esprit humain dans les arts et dans les sciences. Voyez t. I, p. XXXVII, et p. 243-273.