<88>Venise ce qu'on y dit du Turc. Adieu; je vous souhaite un plus heureux voyage que vous ne l'avez eu jusqu'à présent.

83. DU COMTE ALGAROTTI.

Venise, 7 mars 1753.



Sire,

Après un voyage des plus longs et des plus pénibles, je suis arrivé enfin à Venise. J'ai encore pu voir les derniers jours du plus maigre carnaval du monde.

Les nouvelles que l'on a ici de Constantinople ne parlent que de la tranquillité qui y règne moyennant les libéralités du Grand Seigneur et la conduite du grand vizir. On n'est pas pourtant sans crainte, dit-on, de quelque nouvelle révolution, et l'on croit la guerre indubitable, si jamais le Grand Seigneur vient à être déposé. J'espère que V. M. aura reçu, à l'heure qu'il est, la verdée. Je prends la liberté d'envoyer à V. M. quelques boutargues qui partiront à la première occasion.

84. AU COMTE ALGAROTTI.

Potsdam, 25 mars 1753.

J'ai reçu avec plaisir la lettre que vous m'avez écrite. Donnez-moi de temps en temps de vos nouvelles. Parlez-moi des spectacles et des nouveautés que vous remarquerez dans ce pays fertile en génies inventifs. Envoyez-moi la boutargue quand vous pourrez. Je serai toujours charmé de vous donner des marques de ma protection et de ma bienveillance, et sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.