<7>sur la liberté de penser des Anglais. Souvenez-vous toujours des amis que vous vous êtes faits ici en vous montrant simplement, et jugez de ce que ce serait, si nous avions le plaisir de vous posséder toujours.

Je suis avec une véritable estime, mon cher Algarotti,

Votre très-affectionné
Federic.

3. AU MÊME.

Berlin, 4 décembre 1739.

Mon cher Algarotti, vous devez avoir reçu à présent ma réponse aux beaux vers que vous m'avez envoyés, dont l'esprit sert comme de véhicule à la louange. J'espère de pouvoir bientôt vous envoyer mon Antimachiavel. J'y travaille beaucoup; mais, comme je destine cet ouvrage pour le public, je voudrais bien qu'il fût poli et limé de manière que les dents de la critique n'y trouvassent que peu ou point à mordre. C'est pourquoi je corrige et j'efface à présent les endroits qui pourraient déplaire au lecteur sensé et aux personnes de goût. Je ne me précipite point, et j'aperçois tous les jours de nouvelles fautes. C'est une hydre dont les têtes renaissent à mesure que je les abats. Nous avons reçu ici un très-habile physicien, nommé Célius;a c'est un homme qui a pour plus de vingt mille écus d'instruments de physique, et qui est très-versé dans les mathématiques. Il y a actuellement à Londres un grand mécanicien et opticien que le Roi fait voyager. Cet homme promet beaucoup; je crois que vous ne vous repentirez point de le connaître; il s'appelle Lieberkühn.

J'attends la feuille de Virgile avec impatience, pour accélérer l'impression de la belle édition de la Henriade; on commencera cette semaine à la faire copier. Voltaire est à présent à Cirey


a Frédéric dit la même chose dans sa lettre à Voltaire, également du 4 décembre 1739; mais le nom de Célius nous est inconnu.