<38>ses conquêtes que V. M. même, comme ces Français de la Henriade :a

Français, vous savez vaincre et chanter vos conquêtes;
Il n'est point de lauriers qui ne couvrent vos têtes.

28. AU COMTE ALGAROTTI.

Chrudim, en Bohême, 18 avril 1742.

Mon cher cygne de Padoue, vos conjectures ne sont pas sans fondement. Bellone ne goûte point vos raisonnements sur la guerre. Elle dit. :

De Rome et de l'antique Grèce,
D'où sortaient autrefois des peuples de héros,
O Mars! qu'est devenue l'espèce?
A ces héros fameux comparons les nouveaux.
Nos modernes Romains sont bardaches et sots,
Des baladins pleins de bassesse,
C....., b...... ou bigots.

Si j'ai conduit la plume de Bellone, ce n'a été qu'en tremblant, dans l'appréhension de mériter les foudres d'Épicure et de Cythère.

O vous, leur ministre charmant,
Dont l'esprit et le sentiment,
Dans la débauche et la faiblesse,
Sait ménager l'assortiment
Du goût, de la délicatesse,
Et qui pour vos opinions
Trouvez toujours avec adresse
De si convaincantes raisons,
Qu'elles nous entraînent sans cesse,
Faites ma paix avec vos dieux,
Et que leurs foudres radieux,
Dont vous avez senti la rage,
N'abîment point en leur ravage
Un mortel qui fut né pour eux.


a Chant VII, vers 381 et 382.