<228>persuadée de l'attachement et de la considération avec lesquels je suis,



Madame ma cousine,

Votre très-fidèle ami, cousin et serviteur,
Federic.

50. A LA MÊME.

Sans-Souci, 27 juillet 1763.



Madame ma cousine,

En vous remerciant, ma chère duchesse, de la lettre que vous venez de m'écrire, je ne saurais qu'applaudir au bulletin que vous avez la bonté de m'envoyer. Il n'est certes pas à l'eau rose, et l'auteur se fait nettement entendre. Je vous avoue, madame, que j'aime les auteurs qui raisonnent juste et s'expliquent nettement. Il y en a, tels que l'abbé Pluquet,a par exemple, qui soufflent le froid et le chaud, et qui, en voulant ménager la chèvre et le chou, trouvent le moyen de mécontenter généralement tous leurs lecteurs. Ou il ne faut pas du tout toucher les matières scabreuses, ou, si l'on veut les agiter, il faut que la vérité l'emporte, et qu'elle soit démontrée par des arguments rigoureux qui mettent son évidence en lumière. Cependant je ne conseillerais pas au sieur Grimm de faire imprimer la feuille d'aujourd'hui. Oh! que la Sorbonne s'agiterait! Que de décrets, que d'excommunications, que d'anathèmes! Que de bûchers s'allumeraient! Tout l'essaim des dévots et des saints hypocrites se mettrait en campagne pour fondre sur lui et le déchirer; tant la raison et la vérité sont redoutables à ce corps d'hommes méprisables qui ne vivent que de la superstition des peuples! Nous avons été à la veille d'éprouver les funestes effets de la superstition; nous étions au bord de l'abîme, quand un crachement de sang emporta une femme dont la mort mit fin au complot atroce qui s'était formé


a Auteur d'un ouvrage intitulé : Sur le fatalisme. Il avait publié, en 1762, un Dictionnaire des hérésies, en deux volumes in-12.