<214>core se réaliser quelque jour, et daignez croire que, absent ou présent, en paix ou en guerre, tranquille ou dans le trouble, rien n'altérera les sentiments d'admiration et de reconnaissance que je vous dois, madame. Ils sont trop profondément gravés dans mon cœur pour en être effacés, étant,



Madame ma cousine,

de Votre Altesse
le très-fidèle ami, cousin et serviteur,
Federic.

41. A LA MÉME.

Leipzig, 4 février 1763.



Madame ma cousine,

Vous ne me devez certainement aucune espèce de reconnaissance; au contraire, c'est moi, madame, qui suis dans le cas de vous remercier de ce que vous avez daigné recevoir une bagatelle peu digne de vous être offerte. Vous avez eu égard au cœur, à l'intention, et c'est sans doute ce qui a causé votre extrême indulgence. J'ai pensé être pétrifié en lisant l'ouvrage que vous avez eu la bonté de m'envoyer; c'est la production d'un fou qui a beaucoup d'esprit, d'un philosophe qui ne sort point de son ivresse, et qui, par une suite de son enthousiasme, prend sans cesse son imagination pour sa raison. Il n'y a en vérité que le style de bon dans cet ouvrage; le reste est pitoyable. Il imagine un système, il ne prouve rien; son esprit frappé n'est plein que de ce qu'il a imaginé. Le défaut principal de l'ouvrage est que l'auteur y manque absolument de dialectique. Il n'y a rien de plus facile que de renverser son système de fond en comble; tous ceux qui l'entreprendront y réussiront. Si cet ouvrage a fait crier, c'est avec raison, parce qu'il ne convient à personne de choquer les opinions du public. Mais dans peu tout sera oublié, parce que cela est mauvais.