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3. A LA MÊME.

(Kirschleben) auprès d'Erfurt, 20 septembre 1757.



Madame,

Rien ne pouvait arriver de plus glorieux à mes troupes que de combattre, madame, sous vos yeux et pour votre défense.a Je souhaiterais que leur secours vous pût être plus utile; mais je prévois le contraire. Si je m'opiniâtrais à vouloir soutenir le poste de Gotha par de l'infanterie, je vous ruinerais la ville, madame, en y attirant et y fixant le théâtre de la guerre, au lieu que vous n'aurez à présent à souffrir que des passades qui ne seront pas longues. Je vous rends mille grâces de ce que, pendant le trouble d'une journée comme celle d'hier, vous avez encore trouvé le moment de penser à vos amis et de vous employer pour eux. Je ne négligerai rien de ce que vous avez la bonté de me dire; je profiterai des avis. Fasse le ciel que ce soit pour la délivrance et le salut de l'Allemagne! La plus grande marque d'obéissance que je puisse vous donner consiste certainement dans l'usage que vous me prescrivez de faire de votre lettre. Je l'aurais conservée comme un monument de votre générosité et de votre fermeté; mais, madame, puisque vous en disposez autrement, vos ordres seront exécutés. Persuadé que, si l'on ne peut pas servir ses amis, il faut au moins éviter de leur nuire, que l'on peut être moins circonspect pour ses propres intérêts, mais qu'il faut être prudent et même timide pour ce qui peut les toucher, je suis avec la plus haute estime et la plus parfaite considération,



Madame,

de Votre Altesse
le très-fidèle et affectionné cousin,
Federic.


a Voyez t. IV, p. 166-168, ainsi que les Berlinische Nachrichten, no 115, p. 458.