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8. AU MÊME.

Charlottenbourg, 21 juin 1740.

Mon cher cygne de Padoue, j'ai reçu vos lettres avec bien du plaisir; mais j'avoue que j'ai encore dix fois plus d'empressement à vous voir vous-même qu'à lire vos lettres. Je vous prie de me satisfaire au plus tôt, et d'être persuadé que, malgré l'accablement d'affaires dans lequel je me trouve, je sens cependant beaucoup que vous me manquez. Satisfaites-moi donc le plus promptement qu'il vous sera possible. Ayez soin de l'imprimerie la meilleure et la plus complète que vous pourrez trouver, et soyez bien persuadé de l'estime que j'ai pour vous.

9. AU MÊME.

Remusberg, 11 octobre 1740.

Mon cher Algarotti, j'ai vu par votre lettre que vous étiez content du décorateur de Pesne. Il faut qu'il attende mon arrivée, pour que je voie son ouvrage. Votre lettre au comédien est belle et flatteuse pour lui et pour moi; mais il me semble que vous n'auriez pas dû tant appuyer sur la magnificence, car à présent il va demander le double de ce qu'il aurait demandé sans cela.

J'ai toujours la fièvre à peu près de même; j'ai cependant fait l'exorde du poëme que vous savez. Il faudra encore bien amasser des matériaux et arranger des faits avant que d'avoir arrangé et plié le sujet aux règles de l'épopée; mais nous y aviserons.

Je me retrouve ici chez moi, et plus rendu à moi-même qu'à nul autre endroit. Dès que j'aurai encore fait un voyage à Berlin, je reviens ici pour ne plus quitter Remusberg.

Faites mes compliments à Maupertuis, et dites-lui que j'avais arrangé dans ma tête de quoi lui donner de l'occupation suffisante. Je vais prendre ma fièvre. Adieu; je vous reverrai, je crois, dimanche ou mardi.