<147>n'était. Il faut espérer que quelques bons événements arriveront encore, dont on pourra profiter pour arriver à une bonne paix.

Vous me parlez de Berlin. Je souhaite beaucoup de vous y savoir tous ensemble. Mais je voudrais, si vous y alliez, que ce ne soit pas comme des oiseaux perchés sur une branche, et que vous y puissiez rester avec la dignité convenable. Cela fait que j'attends le moment où je croirai cette sûreté établie sur de bons fondements, pour vous écrire d'y retourner. Si tout ceci finit bien et honnêtement, que je bénirai le ciel de vous revoir, ma bonne maman, et de vous embrasser! Oui, je dis embrasser, car vous n'avez plus d'autre amant dans le monde que moi, vous ne pouvez plus me donner de la jalousie, et je suis en droit d'exiger un baiser pour prix de ma constance et de l'attachement que j'ai pour vous. Vous pouvez vous y préparer. Finette en dira ce qu'elle voudra; elle en pourra sécher de dépit, car, depuis son défunt duc, elle n'a plus de baiseur.

Adieu, ma bonne maman. Pardon des pauvretés que je vous écris; c'est que je suis seul, que j'oublie quelquefois mes embarras, que je vous aime, et que je profite du plaisir de m'entretenir avec vous.

Federic.

A LA MÊME.

Quartier de Bettlern, 8 juin 1762.

Je suis bien persuadé, ma bonne maman, de la part sincère que vous prenez aux bons événements qui nous arrivent. Le mal est que nous avons été si bas, qu'il nous faut à présent toute sorte d'événements fortunés pour nous relever; et deux grandes paix, qui pourraient rétablir le calme partout ailleurs, ne sont, en ce moment-ci, qu'un acheminement pour finir la guerre moins malheureusement.

Je souhaite de tout mon cœur que le ciel vous conserve jusqu'à ce que je vous puisse voir, vous entendre et vous embrasser.