<352>vous, qui vous en êtes rendu indigne par votre action très-étourdie, mais par considération pour votre digne et brave père. Cependant je trouve bon de vous placer au régiment de Flanss; c'est pourquoi vous devez vous y rendre, sans passer par Berlin ou ses environs, et sans vous y faire voir. Au reste, le malheur dont vous êtes cause vous pourra servir de remède et de correction de votre fougueux tempérament, que vous devez brider et soumettre à la raison, pour ne jamais retomber dans des fautes si condamnables, qui m'obligeraient de vous abandonner sans considération à la rigueur de la justice. Surtout vous devez reconnaître votre tort, sans chercher à l'excuser aucunement; car un pécheur qui veut s'exculper s'attire une double punition, et rend son émendation fort suspecte. Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.

Federic.

2. AU FELD-MARÉCHAL DE KALCKSTEIN.

Camp de Prossnitz, 21 juin 1758.



Mon cher maréchal,

Une suite de fatalités qui me poursuit depuis quelques années vient de m'enlever un frère que j'ai tendrement aimé, malgré les chagrins qu'il m'a causés.a Sa mort m'impose le triste devoir d'avoir soin de ses enfants et de leur tenir lieu de père. Mon éloignement, et les grandes affaires dont je suis chargé, m'empêchent de vaquer à leur éducation; mais je vous conjure, par le fidèle attachement que vous avez toujours eu pour mon père et pour l'État, et par l'amitié que vous avez eue pour le défunt, et que je me flatte que vous avez pour moi, d'avoir l'œil sur l'éducation de ces pauvres enfants. Vous savez de quelle conséquence il est pour quelques millions d'âmes qu'ils soient bien élevés,


a Voyez, t. IV, p. 150-154, et 252.