<273>des fautes que les hommes font. C'est pourquoi il serait à souhaiter que le traité du père Malebranche sur la Recherche de la vérité lût plus connu et plus lu. Les liens du sang m'imposent silence sur un sujet où je pourrais m'expliquer plus fortement, et où la subtile distinction entre haïr la mauvaise action et aimer celui qui la commet pourrait s'évanouir. Ce sont de ces occasions où le respect nous ordonne de donner aux choses mauvaises un tour qui les rende moins odieuses, et où la charité veut que nous palliions les fautes du prochain des meilleures couleurs que nous pouvons.

Mettez-vous, mon cher Duhan, l'esprit en repos, et soumettez-vous aux lois irrévocables de votre destinée, qui ne peut être altérée par le pouvoir d'aucun humain. Imaginez-vous de lire un livre où vous êtes obligé à chaque page de suivre l'auteur qui vous mène, sans pouvoir régler les faits comme vous le désireriez. Et si mon entière estime peut vous être de quelque secours, vous pouvez faire fond sur elle. Mes vœux, mon cher Duhan, et mes souhaits vous accompagneront partout, étant bien constamment

Votre très-affectionné et fidèle ami,
Frederic.

6. AU MÊME.

Rheinsberg, 13 mars 1737.



Mon cher Duhan,

Il est sûr que les plus rudes épreuves par lesquelles nous sommes obligés de passer dans ce monde, c'est de perdre pour toujours des personnes qui nous sont chères. La constance, la fermeté et la raison nous paraissent de faibles secours dans ces tristes circonstances, et nous n'écoutons dans ces moments que notre douleur. Je vous plains de tout mon cœur de vous voir dans un pareil cas. Vous perdez un père qui vous aimait, et qui, vous