<261>peut causer mon mal. Il me serait bien difficile de ne pas être inquiet sur le sujet de V. M., qui tous les jours est exposée aux dangers les plus imminents.

On dit ici que le prince Charles est à Pisek; que Y. M. va droit à lui pour l'attaquer; que les Hongrois ne veulent point monter à cheval, comme la reine de Hongrie le demande; que les Français, voyant leur roi malade, cherchent à faire la paix; que l'impératrice de Russie enverra huit mille hommes pour se joindre, Dieu sait quand, à l'armée autrichienne. Voilà les nouvelles qui se débitent.

Dieu veuille conserver V. M., et que j'aie bientôt la consolation de pouvoir l'assurer de bouche que je suis avec un respect profond, etc

188. DU MÊME.

Berlin, 10 octobre 1744.



Sire,

On ne parle ici que des progrès victorieux de V. M.; de telles nouvelles ne contribuent pas peu au rétablissement de ma santé. Ce qui m'afflige cependant quelquefois, ce sont les fausses et impertinentes nouvelles que quelque esprit méchant et malintentionné prend plaisir à forger pour avoir celui de les voir répandues. Suivant ces nouvelles, les Prussiens ont été battus, leur cavalerie entièrement abîmée, le feld-maréchal de Schwerin pris prisonnier, deux cents prisonniers ont été arquebuses, parce qu'ils se sont révoltés, et cent nouvelles de cette nature. Ce qui m'a fait plaisir, c'est de voir la joie de tout le peuple à la naissance du prince, et que j'ai appris que V. M. se portait parfaitement bien. Cette nouvelle est d'une nature à dissiper le spleen le plus opiniâtre, et à réjouir un pauvre philosophe qui crache le sang, et qui aime la vie, parce qu'il a l'avantage d'y être heureux. J'ai l'honneur et le bonheur d'être, etc.